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Lire au féminin pluriel avec acoupdelles

Les femmes ont une sensibilité toute particulière.

Elles traitent le thème de la violence avec délicatesse et poésie.

Leurs livres deviennent des armes d'instruction massive.

Envolez-vous pour Mayotte, île française de l'Océan Indien, à Alger en nouvelles passionnées.

Disparaissez sous terre et découvrez une bibliothèque secrète syrienne.

De retour en France, à Paris, atterrissez rue des rosiers pour une violence d'un tout autre genre.

Quatre livres au féminin qui dénoncent la violence, violence du monde en prise avec la folie meurtrière des hommes.

Mayotte, France

Partez pour une île paradisiaque, nichée au milieu de l'Océan Indien, où se déroule l'histoire que nous conte Nathacha Appanah.

" Tropique de la violence ". Une indicible dureté décrit avec tendresse.

L'histoire

Marie est infirmière. Elle recueille Moïse, un cadeau inespéré de la vie.

Malgré tout son attentif amour, l'enfant devenu adolescent tourne mal.

Chaque chapitre dévoile le vécu, le ressenti des personnages qui anime ce roman, sombre et violent.

En filigrane, il décrit Mayotte, île qui a choisi de rester territoire français.

Son apparente sécurité en fait un eldorado convoité des populations proches.

La terre est en proie à l'invasion de migrants comoriens.

Les femmes viennent y accoucher dans l'espoir d'offrir un meilleur avenir à leurs enfants.

Les tensions sociales sont monnaie courante et tourmentent cette île aux paysages paradisiaques.

L'auteure nous le conte de l'intérieur.

Les personnages, en JE pluriel

Marie initie le récit par l'histoire de sa vie sur l'île.

Mariée, délaissée est une femme qui n'aura jamais d'enfant. Constat douloureux.

Le ciel lui offre la chance d'être mère, elle a 33 ans.

Un nourrisson abandonné par superstition, Moïse a un œil vert et l'autre noir.

C'est le Cadeau du destin

" Lui bébé du djinn. Lui porter malheur avec son œil.

" Toi l'aimer, toi le prendre.

Je ne m'arrête pas, je laisse ces mots me poursuivre comme une traînée merveilleuse d'étoiles dans la nuit mahoraise. "

Moïse est en prison, il a 15 ans. À peine entré dans l'adolescence, c'est un assassin : Il a tué Bruce.

" Je voudrais lui dire que je ne suis pas un assassin, que j'ai été un garçon qui lisait des livres, qui écoutait de la musique..."

Bruce, tyran, voleur, voyou, le mauvais garçon assassiné nous parle d'au-delà des morts :

" Parce que tu crois que je suis né comme ça, moi, avec l'envie de taper, de mordre, de rentrer dedans..."

Olivier, le flic à la conscience tourmentée sait qu'il ne peut rien contre la misère, l'invasion inévitable de ceux qui n'ont rien. La clandestinité et la délinquance qui en découle.

" Pourtant, il n'y a jamais rien qui change et j'ai parfois l'impression de vivre dans une dimension parallèle où ce qui se passe ici ne traverse jamais l'océan et n'atteint jamais personne."

Les personnages se succèdent pour nous conter cette histoire de violence, de meurtre, de misère et d'amour.

Ça peut être insoutenable pour les âmes sensibles.

Pourtant le style de Nathacha tisse l'histoire en une délicate dentelle noire et nous invite à partager la vie de clandestins, de migrants dans une atmosphère de violence croissante.

Elle décrit avec une grande sensibilité cette jeunesse à la dérive, jeunesse qu'elle a rencontrée au cours de son séjour sur l'île.

L'auteure : Nathacha Appanah

Elle est née voici 46 ans à Mahebourg, au sud-est de l'île Maurice.

Elle est journaliste, romancière et vit en France depuis 1998.

Elle est l'auteure du roman traduit en plusieurs langues : " Le dernier frère ".

Tropique de la violence est son sixième roman, paru en 2016. Il a reçu le prix femina des lycéens.

Son dernier : " Une année lumière ", s'interroge sur la destinée de nos émotions.

Il rassemble ses chroniques publiées pour le journal "La croix" en 2017.

Elle écrit également des articles pour Géo Magazine, Air France Magazine, mène des reportages pour la radio Suisse romande et France Culture.

Au-delà de tous ces événements, l'île de Mayotte reste une île magnifique, paradis des plongeuses pour son lagon,

sa barrière de corail et ses passes foisonnantes de vie.

Alger, Algérie

La capitale de l'Algérie au quotidien d'aujourd'hui : tout est interdit, dangereux, suspect.

Un recueil de six nouvelles douces amères de Leïla Sebbar paru en 1996.

Il porte le titre de la première nouvelle : La jeune fille au balcon.

L'histoire

Une jeune fille, Mélissa, est à son balcon d'où elle peut observer l'agitation de la ville.

Elle vit dans le quartier chaud appelé Kaboul, comme la capitale de l'Afghanistan.

" Tu vis à Kaboul, c'est affreux, comment tu fais ? Tes parents sont fous, il faut déménager... On va te tuer..."

Elle se dispute les chaînes de la télé relayées par les antennes paradiaboliques.

Elle garde un lien avec la France par les lettres que lui envoie sa cousine Nadia.

Cette jeune fille à son balcon, que connaît-elle de l'amour ?

Un jour, comme un autre, elle remarque au bas du journal, un poème qui semble lui être dédié ; signé Malek. L'idylle se noue au-delà des interdits, de la communication rendue impossible par les diktats religieux et familiaux.

Les cinq autres nouvelles sont toutes aussi passionnantes, décrivant avec délicatesse les affrontements entre tradition et modernité, mettant en scène des personnages en recherche de leur identité.

L'auteure : Leïla Sebbar

Leïla est née à Aflou, en Algérie, d'un père algérien et d'une mère française.

Elle est journaliste et vit actuellement en France.

Ses thèmes de prédilection sont l'exil, la recherche de l'identité, la condition des femmes.

Nouvelles, romans, récits autobiographiques, l'écrivaine est prolixe.

Quelques uns de ses ouvrages, un par genre :

- On tue les petites filles 1978, essais

- L'écrivain public 2009, nouvelles

- Mon cher fils 2009, roman

et des carnets de voyages, des albums de photographies, des romans pour la jeunesse.

À retrouver "

Leïla Sebbar, journal d'une femme à sa fenêtre

"

Daraya, Syrie

Plongez en enfer avec Delphine Minoui

Comment entre-t-on en résistance avec pour seules armes, des livres ?

Si la lecture délivre, en voici la preuve.

Les passeurs de livres de Daraya est paru en 2017.

L'histoire

Daraya, ville martyre est anéantie sous les bombes, étouffée de napalm, affamée par un blocus savamment mené.

Daraya devient prison à ciel ouvert à sept kilomètres seulement au sud-ouest de Damas.

Daraya signifie, nombreuses maisons.

Elles ne sont plus qu'enfilades de gravats, entremêlées de tôle rouillée et de bris de vitres. "

Au milieu du chaos, la survie. Une communication fragile qui dépend de la puissance d'Internet.

Skype, WhatsApp, apportent l'oxygène dont les rescapés ont un besoin plus urgent que le manger et le boire.

La connexion entrecoupée laisse entendre les bombes proches.

La bibliothèque, enterrée à peine à l'abri accueille les rescapés en mal de liberté.

Les personnages

Ils sont tous réels. Delphine Minoui est entrée personnellement en contact avec eux.

Ce roman est une dédicace aux insoumis.

L'auteure au d'un fil tenu relie les survivants au monde extérieur.

Quatre années de descente en enfer pour maintenir le contact.

Ahmad, 23 ans, enfant de Daraya

Sa vie est aussi fragile qu'une feuille de papier à musique.

Celle du fabuleux destin d'Amélie Poulain qui tourne en boucle quand l'électricité veut bien fonctionner.

Son émotion à la découverte des Misérables de Victor Hugo, une épopée qu'il qualifie de triste mais qui lui donne l'espoir de voir aboutir une lutte de longue haleine.

Omar se destinait à une carrière d'ingénieur, il fait un tout autre choix.

À 24 ans, il s'enrôle dans les rangs des rebelles de Liwa Shuhaha al-Islam.

Il veut défendre sa terre, son pays, son droit à la liberté.

Pour lui, c'est une nécessité comme la lecture.

" Les livres ont rapidement un impact crucial : ils m'ont aidé à ne pas me perdre. "

Hussam est amoureux de Zeina, à distance, blocus oblige.

Ils ont une passion commune, la lecture. Elle fait l'objet de leurs échanges.

Hussam accepte de vivre l'absurdité du quotidien, à la rallier même.

" En quatre ans, j'ai vieilli d'au moins quarante ans..."

Et les autres, parfois non lecteurs au départ, y découvrent l'indispensable liberté de penser.

Vent de liberté qui s'élève contre le régime violent de Bachar-Al-Assad, qui les abreuve de gaz chimiques et tente de les soumettre par la faim.

Résistance à coup de Petit Prince* ou de l'Alchimiste*

" Il n'existe pas de prison qui puisse enfermer la parole libre. Il n'existe pas de blocus assez solide pour empêcher une information de circuler."

Extrait du discours du dissident syrien Mazen Darwich, le 23 avril 2016 au World Press Photo après sa libération des geôles syriennes.

* Le Petit Prince : Le magnifique roman de Saint-Exupéry, toujours sur mon bureau.

* L'alchimiste : Une référence en développement personnel écrite par Paolo Coelho.

L'auteure : Delphine Minoui

Née en 1974 de mère française et de père iranien.

Delphine est journaliste, grand reporter au Figaro.

Elle est spécialiste du Monde iranien, auteur de reportages en Iran, en Irak et d'une série d'articles qui lui ont valu le prix Albert Londres.

Elle vit aujourd'hui à Istanbul. Delphine Minoui est correspondante du Figaro.

* J'ai fait l'acquisition de ce roman au cours de ma visite aux Étonnants voyageurs, à Saint Malo.

Un hasard fait d'émotion et d'émerveillement.

Paris, France

Revenons en France, avec le roman de Kaine Tuil : Interdit.

Une histoire surprenante

Un vieux monsieur, rescapé des camps de la mort découvre qu'il n'est pas juif.

Toute sa vie est une imposture.

Désirant se marier, le rabbin qui fait passer l'inévitable entretien prénuptial, lui apprend que sa filiation lui interdit cette appartenance.

Mariage impossible. Sa fiancée, aussi laide que croyante ne veut qu'un homme juif dans son lit.

L'imposteur finit par épouser la donzelle qui se révèle être enceinte de ses œuvres !

Une histoire grave racontée d'un ton léger où l'humour et l'ironie se côtoient pour notre plus grand plaisir.

Les personnages

Lui, Saül Weissmann, un nom à consonance juive pour un homme qui ne l'est pas.

Âgé de soixante-dix ans, il se débat entre ses deux identités, l'une ancienne, l'autre récemment découverte, dans un dialogue aux tons doux amers. Elles ont quelque difficulté à cohabiter.

" Crise identitaire, ce fut le diagnostic rendu par mon médecin généraliste après consultation. "

Il n'a pas renoncé à l'amour physique et à la sensualité qu'il pratique au détour des blouses blanches.

Elle, Simone Dubuisson, un nom français, juive jusqu'en ses disgracieux bourrelets n'a pas renoncé à fonder une famille... hélas !

" Elle portait ses quarante-trois ans sans faux pli ni vice caché - non, chez elle, les vices de forme étaient apparents, ce qui limitait les contestations ultérieures. "

L'auteure : Karine Tuil

Romancière née à Paris en 1972.

Son roman, " Interdit " a reçu le prix Goncourt des lycéens.

Auteure également de " Tout sur mon frère ", " quand j'étais drôle " , " Douce France ".

Ses romans sont traduits en plusieurs langues.

Le tout dernier " Les choses humaines " est un roman puissant qui interroge notre monde contemporain

et interpelle nos peurs. À suivre

De l'importance d'être lecteur

Il existe de nombreuses structures qui favorisent la lecture des livres.

De nombreuses actions sont mises en place pour accéder à cet espace de liberté.

Salomon Malang initie l'une d'entre elles.

Cet homme courageux se bat pour la liberté des jeunes femmes à choisir leur compagnon dans un pays où sévit la dictature du mariage forcé.

Aujourd'hui, Salomon s'engage dans une autre action : créer des bibliothèques à Douala, capitale économique du Cameroun.

Des livres pour sauver la jeunesse de l'alcoolisme et la délinquance, une maison d'édition pour favoriser la parution d'ouvrages d'écrivains camerounais.

Vous pouvez aider Salomon en envoyant les livres qui encombrent votre bibliothèque, qu'ils soient en français ou en anglais.

L'adresse

Salomon Malang BP 59 Douala, Cameroun

Le lien avec la page facebook de son association

JRHPM

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Clem

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